vendredi 9 janvier 2015

Tous responsables


Ce matin j'ai reçu dans ma boite mail les mots pour le dire. Merci Isabelle Filliozat pour cette Newsletter qui exprime exactement ce que je ressens depuis deux jours :


Vous pouvez retrouver Isabelle sur son site http://www.filliozat.net/ ou sur le site de son école, l'EIREM : http://www.eirem.fr/

jeudi 8 janvier 2015

Au dodo les petits !

"Qu'il ne fasse pas ses nuits ... à la rigueur, mais qu'il nous laisse faire les nôtres !"
Guide de survie à l'usage des parents

Voilà un moment où il est bien difficile de rester "bienveillant" : au moment du coucher.
Votre enfant ne dort pas ? Il est fatigué, ronchon le soir ? Il mange peu ou mal ? Le repas du soir est une vraie calamité ?

Vous souhaitez qu'il s'endorme en 5 minutes, autour de 20h et se réveille le lendemain à 7h frais et dispo sans vous avoir dérangé une seule fois la nuit ? 
Vous avez envie d'un enfant en pleine forme la journée, qui mange, le teint frais et la mine réjouit ?
Et surtout vous cherchez à rester bienveillant, sans élever la voix, sans le laisser pleurer seul, sans même peut-être renoncer au co-dodo qui vous est cher et sans utiliser de sirop dors-bien, hein, ni de tranxène ...
Bon et puis, fait non négligeable : vous voulez dormir vous aussi. 


Que votre enfant soit petit ou grand, vous avez peut-être cliqué sur le bon lien. 

Chez nous, nous avions essayé beaucoup de choses :
Avec l’aîné, quand il était tout petit, ce fut de le laisser pleurer, sur les conseils de notre entourage. Au bout de trois quart d'heures horribles et d'un gros vomi (literie à changer, pyjama, etc) nous avons récupéré un enfant complètement paniqué et absolument pas près à dormir et des parents jurant qu'on ne les y reprendrait plus. Il a finalement fait ses nuits à 6 mois, ce que, à l'époque, je trouvais tard (rire).
Avec le second nous avons "lâché-prise" et consolé, câliné, usé notre énergie à force de peu de sommeil. Il a dormi de vraies nuits (c'est à dire 3 nuits d'affilées de 20h30 à 7h sans aucun réveil) à 5 ans, c'est à dire 2 semaines avant la naissance de sa sœur. Je me souviens de périodes où il se réveillait chaque nuit au moins 4 fois. Nous avons testé plein de méthodes douces, et nous nous sommes relayés. Nous avons tenu, à la force de notre mental.
Avec la petite dernière, au bout d'un an et demi sur ce rythme, je voyais bien que nous ne pourrions pas aller plus loin sans faire de vrai dégâts familiaux.

Clairement nous avions un problème. Mais vu le besoin (voir plus haut), les méthodes ne sont apparemment pas légions...

J'ai d'abord été tentée par la méthode Pantley, avec son livre "Un sommeil paisible et sans pleurs". 
Synthétiquement, il s'agit de 
- établir un planning (ce que l'on souhaite)
- utiliser un rituel du coucher avec apaisement de l'ambiance le soir avant d'aller au lit
- noter assidûment sur une fiche les différents heures de réveil nuit et jour et les rituels utilisés.
- à chaque réveil, rendormir son enfant de la méthode la moins proche de vous, et si ça ne fonctionne pas, le rapprocher (par exemple bercer son bébé, s'il ne s'endort pas au bout de 20 minutes ou si ses pleurs augmentent le mettre au sein / le caresser dans son lit, s'il ne s'apaise pas le bercer / etc). Ne pas le laisser s'endormir tout à fait et le poser dans son lit juste avant. S'il pleure à nouveau, recommencer, etc...
- voir la quantité de sommeil de son bébé augmenter grâce aux fiches, tous les 10 jours.

Cette méthode n'a pas fonctionné chez nous pour plusieurs raisons :
- la principale, c'est l'épuisement et l'envie de voir mon bébé se rendormir vite vite. 
- avec trois enfants, l'ambiance du soir est toujours festive. C'était impossible pour nous, sans mettre les deux grands en pension, d'avoir une ambiance calme.
- le temps qu'elle prend et surtout la durée. 

Et puis, merveille des merveilles, nos amis Alexandre et Elsa nous ont mis entre les mains ce bouquin : "Au dodo les petits" d'Anna Wahlgreen. (Oui d'ailleurs, je n'oublie pas de vous le rendre, non non). C'était le 2 novembre 2014 exactement.


Ça semblait trop beau pour être vrai.  

Et pourtant, nous sommes passés de :
  • un endormissement en minimum une heure et demie (20h30 - 22h), en restant allongé près de notre enfant
  • quatre réveils nocturnes dont un avant minuit, rendormie au sein systématiquement.
  • un réveil final vers 6h
  • une sieste de 30 minutes à une heure maximum
(soit 8h à 9h de sommeil par jour à 20 mois)
à
  • un endormissement en 15 minutes (voire 2 minutes quand le second reste dans la même pièce à dormir avec elle) à 20h30
  • plus aucune soirée avec réveil dès le début 
  • des nuits jusqu'à 7h30 avec 1 seul réveil rendormie facilement (en général)
  • un arrêt complet de l'allaitement nocturne sans problème
  • une sieste de 1h30 avec parfois un réveil au milieu.
 (soit 12h30 de sommeil par jour aujourd'hui à 22 mois)

Et ce rythme a pu reprendre normalement après une roséole et une grippe (40° pendant 3 jours).

Le plus : à présent n'importe qui peut l'endormir, et n'importe où pour peu qu'on respecte l'horaire.

Franchement, nous revivons. Nous étions tous épuisés. Et puis pouvoir passer des soirées en amoureux, sans être dérangés, sans stresser, et sans garder le babyphone à proximité... j'en ai révé, Anna l'a fait !

Alors vous allez me dire, mais comment fait-on ?

D'abord, il faut se procurer le livre, directement sur le site d'Anna (je ne l'ai pas trouvé en vente ailleurs à un prix raisonnable). Livraison comprise cela revient à 25.18€.

Ensuite il s'agit de le lire et le relire (personnellement je l'ai lu 3 fois en un mois).

Voici ce qui me semble être les fondations de la méthode (des découvertes pour moi) :

La sécurité

Un petit chat appelle fort sa mère. Sa mère vient et l'emporte dans sa gueule. Quel a été son ressenti de chaton ? "J'ai senti un danger, maman est venue, elle m'a sauvé."
Un bébé pleure dans son berceau. Sa mère vient et le prend dans ses bras. Quel a été son ressenti d'enfant ? "J'ai senti un danger, maman est venue, elle m'a sauvé."

L'enfant assimile rapidement son lit à un lieu dangereux, puisque maman ou papa vient toujours le "sauver" . 
Cette vision des choses a été capitale dans ma façon de gérer l'endormissement. Car il est bien évident que le lit de notre enfant n'est pas dangereux ! Il est normal et compréhensible qu'un enfant seul dans une chambre sombre prenne peur, mais il n'est pas normal que nous leur laissions croire qu'ils sont effectivement en danger ! Notre job est bien de leur faire sentir que tout va bien au contraire, non seulement à travers nos mots, mais aussi par nos actes.

L'attitude d'évidence

La nuit rien ne se passe. C'est l'attitude qui garantie la sécurité à l'enfant. Quand on est convaincu que la nuit on dort et que rien d'autre ne peut arriver, lorsque l'on est calme nous même, alors l'enfant peut trouver son sommeil lui même et dormir paisiblement. Et se rendormir seul quand il se réveille, puisqu'il est en sécurité dans cette chambre.

Les besoins de sommeil

Dans le monde de "l'alternatif" depuis longtemps, j'avais fini par me convaincre qu'un enfant qui ne dort pas, c'est un enfant qui n'a pas sommeil. Et que ma fille était une "petite dormeuse".
J'ai découvert, en comparant son temps de sommeil avec ce qui est prévu dans les livres qu'il manquait à ma fille près de 4h de sommeil par jour.
Comment un enfant peut-il se développer convenablement dans de telles conditions ?

Des bénéfices collatéraux inattendus

Dans son livre, Anna explique qu'un enfant qui dort mieux va tout d'un coup voir son appétit augmenter, ses acquisitions faire un bond, sa croissance s'accélérer. Cela semble des plus logique et nous avons pu le vérifier (ainsi que "le rose au joue" dont elle parle également).
Elle indique aussi, et là j'étais plus sceptique, qu'un enfant qui commence à dormir correctement va tomber malade, car son corps, trop fatigué jusqu'alors pour faire son travail d'élimination, va tout à coup avoir de l'énergie pour faire une grosse fièvre. Nous avons pu aussi le vérifier ! Roséole, grippe = petites nuits, petits appétits...
Et enfin, encore plus étonnant, des parents qui dorment tout à coup des nuits entières vont être en mode zombie pendant deux à trois semaines. Là je pense que c'est notre entourage qui pourrait témoigner :-)

Vous pouvez lire la présentation de la méthode ici, et je vous propose une synthèse de ce que nous appliquons à la maison ci-dessous.



Le déroulement d'un accompagnement du soir :

  • il est l'heure d'aller au lit (20h15), nous avons notre petit rituel brosse-à-dent-histoire-bisous-à-tout-le-monde.
  • nous montons dans notre dortoir.
  • nous faisons le jeu de la pizza, une bonne partie de rigolade, avec ou sans ses frères qui parfois se joignent à nous attirés par les rires (5 minutes)
  • puis nous éteignons la lumière (je laisse une petite veilleuse, contrairement à ce que la méthode recommande, pour son frère qui reste souvent avec elle)
  • je le couche ou elle se couche toute seule sur son oreiller sur le "matelas des enfants"
  • je pose mes mains en éventail sur elle (son dos ou son ventre en fonction de comment elle s'est couchée, directement ou sur la couverture)
  • je compte 10 secondes, un appui ferme, je me lève et je sors en disant "Bonne nuit, à demain" et en refermant la porte derrière moi. 
  • Invariablement elle râle.
  • je redis 3 fois "Bonne nuit, à demain". C'est la comptine dont parle Anna dans son livre. Il est 20h30.
  • au début, elle pleurait, se levait, venait derrière la porte.
  • alors je lui resservait la comptine (les 4 vers). Un grand moment de silence puis à nouveau je disais la comptine en fonction de ses "questions" ou de sa "colère".
  • confirmation, une dernière fois "Bonne nuit, à demain".
La comptine sert à dire à l'enfant (grâce au ton que l'on emploie) "tu es en sécurité, tout va bien, je suis juste là, je reste avec toi et je vais t'accompagner jusqu'à ce que tu t'endormes". Et une fois qu'il fait silence et qu'on sent que le sommeil arrive, on lui ressert la comptine. Les premières fois ça le réveille, il réagit à nouveau, mais c'est important de le faire pour dire "maintenant que tu as trouvé le calme, je retourne à mes activités, je ne serais plus derrière la porte". C'est comme ça que je l'ai ressenti et j'ai eu l'impression d'être honnête avec ma fille.
En comparaison, avant je restais près d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme, et partait sur la pointe des pieds... du coup elle se réveillait en panique en constatant que je n'étais plus là.

La première fois, je suis restée 45 minutes derrière la porte. Elle s'est levée plusieurs fois, et à ma grande surprise est retournée se coucher d'elle même jusqu'à trouver le sommeil. Bien sur elle s'est mise en colère, a beaucoup pleuré, mais j'étais là, près d'elle, et ce que je disais semblait faire "effet" puisqu'elle se taisait quand je disais la comptine. Je n'ai jamais eu l'impression de l'abandonner. 
La méthode indique que l'on peut entrer sans un mot, recoucher l'enfant, repositionner les mains et recommencer si vraiment on sent qu'il est "triste". Mais je n'ai pas ressenti l'envie de le faire.

Les fois suivantes ont été plus courtes et en 10 jours nous ne la couchions plus qu'en 15 minutes maxi (même pas le temps de lire une BD assise devant la porte !)

La méthode est très complète et explique beaucoup de cas particuliers et normaux. Par exemple vous pouvez l'utiliser avec un lit à barreau classique, et rester dans l’entrebâillement de la porte de façon à ce que votre enfant ne vous voit pas mais voit la lumière du couloir par exemple. Il ne doit pas pouvoir venir vous rejoindre, c'est pourquoi chez nous, nous avons choisi de fermer la porte.

Anna indique qu'on ne peut pas l'utiliser avant l'age de 4 mois. En effet, entre 0 et 4 mois, l'enfant est trop petit et à un grand besoin de contact et de peau à peau. Il ne peut pas dormir toute un nuit sans manger également.

Je partage cette découverte avec vous car je pense que nous avons tout à gagner à sa diffusion. Nous méritons tous un sommeil réparateur : enfants, parents. Et nos enfants méritent aussi d'avoir des parents pleins de ressources et de créativité, d’enthousiasme et de joie. Tout ce à quoi contribue un sommeil de qualité.

Alex, Elsa, merci de tout cœur d'avoir sauvé nos nuits !


Addendum du 08/11/2016 : Eric Viard et son équipe viennent de rééditer le livre qui était épuisé, il est désormais disponible sur www.biovie.fr et ils ont aussi ouvert un groupe fb sur le sujet : https://www.facebook.com/groups/1165163280186519

Addendum du 12/12/2016 : Sarah Bussenot propose un livret d'une quizaine de page qui reprend les étapes évoquées dans "For the Love of Children" et "Au dodo les petits". 

Elle y présente "Le modèle Standard". 
"Le but est de permettre à n’importe qui de se faire une idée sur la philosophie d'Anna et de présenter le modèle standard de manière très concrète."
Merci à elle pour ce travail !